Rite Moderne Français Traditionnel

Le Rite Moderne Français Traditionnel (RMFT), est une entreprise profondément originale et résulte de plus d’une cinquantaine d’années de travail patient et de recherches rigoureuses.

Initié dès le milieu des années 1950 par un groupe de Frères du Grand Orient de France, sous la conduite érudite du Frère René Désaguliers [René Guilly] (1921-1992), ce projet prit dans un premier temps la forme du Rite Moderne Français Rétabli (RMFR) et n’acquit sa dénomination définitive qu’avec la création, en 1968, de la LNF dont une des trois loges fondatrices, Jean-Théophile Désaguliers n° 1 (constituée « en l’an 5959 » sous le n° 52 au sein de la Grande Loge Nationale Française Opéra) est considérée comme le conservatoire du RFT pour les grades bleus. Cette Loge est elle-même placée depuis 1963, en toute indépendance, sous l’autorité morale du Souverain Chapitre Français Jean-Théophile Désaguliers, reconnu comme Chapitre Métropolitain pour la France.

Il importe de souligner, pour la bonne compréhension de ce Rite et afin d’assurer la transmission correcte des valeurs qu’il véhicule et de garantir sa pérennité, qu’il ne se présente nullement, au contraire de certaines de ses variantes pratiquées sous des noms divers en dehors de la LNF et de la LNMF, comme une reconstitution archéologique plus ou moins fidèle d’un rituel supposé avoir été pratiqué en France sous cette forme à une période quelconque du XVIIIème siècle, et moins encore comme la reprise pure et simple d’un rituel « daté » de cette époque (1778, 1786, 1788 ou 1801...).

La perspective finale du RFT (RMFT), tel que l’ont voulu ses fondateurs, est plus large et dépasse le cadre de la pratique des seules loges françaises depuis les années 1730, pour intégrer certaines séquences rituelles et certains enseignements symboliques jugés fondamentaux et empruntés aux plus anciens textes maçonniques d’origine anglaise ou écossaise, dont les premiers remontent à la fin du XVIIème siècle (Groupe Haughfoot: Ms des Archives d’Edimbourg, Ms Kevan, Ms Chetwode Crawley et, plus récemment découvert, le Ms Airlie).

Le RFT (RMFT), dont tous les textes, plusieurs fois révisés, ont toujours reposé sur des documents authentiques et historiquement incontestables, peut dès lors être défini comme une synthèse pondérée des usages et des enseignements maçonniques issus de la tradition de la Première Grande Loge de Londres de 1717 – dite plus tard Grande Loge des Modernes – et de ses antécédents écossais immédiats, telle qu’elle aurait pu être faite en France, pour l’essentiel entre 1730 et 1750 environ, si les Maçons de cette époque avaient bénéficié d’une connaissance suffisante de toutes les sources et maîtrisé toutes les significations traditionnelles d’une maçonnerie complexe venue d‘Outre-Manche. Le RFT (RMFT) intègre donc, sans aucune fantaisie ni aucune invention, tous les documents maçonniques fondamentaux français, anglais, irlandais et écossais, de 1696 (Ms des Archives d’Edimbourg) à 1801 (Régulateur du Maçon), faisant également droit à certains apports originaux et spécifiques de la France dans le dernier quart du XVIIIème siècle. Il s’efforce par conséquent d’exprimer harmonieusement la tradition intégrale de la première maçonnerie française.